LE TEMPS ET LE MATIN : UN TRAITEMENT DIFFÉRENCIÉ DE L’INFORMATION

Afin de bien cerner le traitement par les médias traditionnels de la catastrophe d’Haïti, une analyse comparative des deux plus importants quotidiens de Suisse romande, soit Le Temps et Le Matin, nous a semblé être un point de départ intéressant. En effet nous partons du principe que ces deux journaux, constitués de philosophies radicalement opposées (l’un très objectiviste et élitiste et l’autre sensationnaliste et populaire), de part leur bipolarité offrent les principales clés de compréhension du traitement du séisme par tout l’éventail de la presse quotidienne, au moins nationale. La couverture faite par Le Temps est très cohérente par rapport à sa mise en relief habituelle de toute information. Etant un « média de référence » (comme il s’auto-décrit d’ailleurs), Le Temps se distingue en effet par son approche liée à l’idéal de l’objectivité journalistique. Cette objectivité[1] implique une information claire, vraie, croisée du point de vue des sources et qui comporte la récolte de témoignages ainsi que, en un premier temps au moins, l’attitude la plus détachée et la moins engagée possible par rapport aux faits. Peu de place à l’émotion est donc la règle. Nous verrons que ces impératifs ont été plus ou moins respectés au cours des différentes phases de restitution de l’information. Simultanément, le traitement de l’information relative au séisme par Le Matin est, lui, très différent de celui fait par Le Temps. Nous comprendrons qu’il s’est réalisé sur un mode sensationnaliste, du début à la fin des publications liées à Haïti, en jouant sur plusieurs émotions orientées vers le lecteur correspondant à des situations d’apocalypse, de miracle et d’attente coléreuse de la part des survivants.


[1] Pour tout approfondissement de la notion d’objectivité en journalisme voir http://books.google.ch/books?id=546ccpTkP5cC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_n avlinks_s#v=onepage&q=&f=false.

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