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Pour une meilleure visibilité

Avant tout, nous avons remarqué que les journaux et télévisions se contentaient essentiellement de décrire les grands rendez-vous autour du thème. Cette façon de faire reste la règle générale et représente la tendance dominante dans le champ médiatique. C’est surtout un atout de visibilité que n’ont pas à leur disposition les nouveaux médias. Un événement concernant la crise haïtienne aura en général toujours plus de visibilité dans un journal ou à la télévision que sur Internet. Nous allons le voir avec le journal Le Matin et la TSR. De son côté, Le Matin informe le 21 janvier des résultats de la journée de dons organisée par la Chaîne du Bonheur, précise les montants récoltés, donne les numéros de téléphone et les mails pour faire parvenir de nouveaux dons. Dans le cas de la TSR, les coordonnées de la Chaîne du Bonheur sont immédiatement lancées et les événements spéciaux en faveur du soutien à Haïti sont aussi rendus publics. Dans les deux médias pris en exemples, aucune allusion à un site web en particulier n’est faite au cours des semaines suivant la catastrophe. Les éventuels avantages de Facebook, Twitter et des autres nouveaux outils nés sur la toile ne sont pas signalés. Au contraire, Le Matin n’hésite pas à dévaloriser l’influence du web, dans le cadre d’un article expliquant les dangers d’arnaque et de virus que tout internaute est susceptible de rencontrer sur une page web ayant pris la forme d’un faux appel au don.

 

PROMOTION DE L’AIDE

L’appel général au soutien financier pour les victimes du séisme fait par les médias traditionnels demeure certainement plus lent et moins efficace que celui véhiculé par les nouveaux médias. Toutefois, un journal peut faire office d’important relais de l’information sur l’efficacité des nouveaux médias dans ce domaine en donnant des chiffres révélateurs. Par exemple, dans son article « Aide par SMS », le quotidien Le Temps explique comment un appel sur Twitter de la part du rapper Wycleff Jean a généré deux millions de dollars en 24 heures.

 

Retour différent vers les bonnes nouvelles

Bientôt apparaît dans Le Matin le besoin de trouver des thèmes plus spécifiques que la description du chaos ambiant. Une nouvelle catégorie d’articles émerge, tournée vers le « miracle ». Après le chaos, le miracle. Le Matin poursuit sa story du phénomène et recentre ses sujets sur des aventures spécifiques liées à chaque fois à des personnes particulières : les survivants. Sur ce thème, nous trouvons entre autres : « Richelande, 2 ans, l’enfant haïtienne qui a échappé au séisme », « Miracle au milieu des ruines », « Port-au-Prince : une allemande dégagée vivante des décombres », « Haïti : elle a survécu sept jours sous les décombres », etc. Ces thèmes du miracle et des survivants se portent bien à la réalisation de portraits et également d’interviews de sauveteurs et de médecins. Le Matin reste dans le sensationnalisme en retournant le séisme sur les bonnes nouvelles et en utilisant d’avantage de proximité avec les survivants et les sauveteurs. Auparavant, remarquons qu’il s’employait essentiellement à décrire un chaos ambiant et touchant toute une population. C’est donc le point de vue inverse qui est utilisé ici, mais toujours pour servir le sensationnalisme. La photo suivante, publiée par Le Matin le 20 janvier 2010, marque un tournant dans le passage d’une image de souffance à une image d’espoir:

Enfin, relevons qu’un dernier sentiment est exploité par la story du journal Le Matin : la colère des habitants par rapport à la lenteur de l’aide. « Les Haïtiens laissent éclater leur colère », « Entre la peur, l’attente et la colère ».

Du côté du Temps, les histoires de personnes retrouvées vivantes après plusieurs jours sous les macères sont peu exploitées. Bien que retransmises, ces informations sont d’avantage placées en conclusion d’articles traitant d’autres sujets. Aucun titre n’est par exemple axé sur des « miracles ». Nous verrons d’ailleurs plus loin que cette dimension tragique a beaucoup plus intéressé l’audiovisuel. Ceci prouve encore que la catastrophe a été traitée de manière très sobre par Le Temps, contrairement à la couverture réalisée par Le Matin. Néanmoins, dès le 22 janvier déjà, un angle optimiste caractérise également les articles du Temps : les journalistes se penchent sur le post-séisme, sur la reconstruction du pays. Nous pouvons lire dans l’un des papiers du journal : « dans les rues du centre-ville, la vie commence à reprendre le cours ». La rubrique « Culture et Société » est aussi très centrée sur Haïti : des livres portant sur la tragédie ou écrits par des Haïtiens sont présentés, sans oublier les concerts en faveur de l’île, qui servent de stimuli pour revenir brièvement sur l’événement. Aujourd’hui encore, le thème est repris lors d’anniversaires ou d’événements culturels liés à Haïti.

 

 

Le Matin thinks «suisse»

Dès le 14 janvier, soit deux jours après le séisme, nous pouvons constater dans Le Matin une sorte d’externalisation du phénomène en-dehors de son contexte haïtien. Le journal transforme vite le sujet en sujet suisse et sujet de la communauté internationale. En ce qui concerne la Suisse, nous trouvons par exemple : « Haïti : le 1er détachement d’urgence de la Suisse est arrivé sur place », « Haïti : le DFAE n’a pas connaissance de victimes suisses », « Les Haïtiens de Suisse se rassemblent samedi à Lausanne », « Haïti : les cantons ont versé jusqu’à 500’000.- de dons », etc. Les sujets concernant les secours et l’aide suisse pleuvent dès le 15 janvier, date où la rédaction a apparemment décidé d’exploiter cet angle à fond. Le Matin va publier ce genre d’écrits régulièrement pendant de nombreuses semaines après la catastrophe jusqu’à un enlisement médiatique (en février, on ne compte guère déjà que quelques articles sur le thème, environ un par semaine).

Dans Le Temps, un travail de proximité est également réalisé. Une certaine place est donnée aux événements organisés en faveur d’Haïti, surtout quand ceux-ci se déroulent en Suisse. Le journal évoque également la communauté suisse dans un encadré intitulé «La communauté suisse est sous le choc ». Cependant, en comparaison du Matin, les articles affiliés aux réactions de la Suisse ou de Suisses ou concernant des ressortissants de ce pays sont infiniment moins nombreux. Le Temps a voulu transmettre, avec cet encadré par exemple, une information complémentaire aux news concernant le séisme, alors que Le Matin a tout de suite vu un angle rédactionnel nouveau dans les thèmes touchant la Suisse et les Suisses.

 

Prudence vs Émotion

Dans les pages du Temps, la prudence a caractérisé la première vague d’articles que nous avons décelée au jour suivant la tragédie. Le 13 avril, alors que des nouvelles catastrophiques s’enchaînaient sur le web, le journal Le Temps reste assez modéré dans ses titres. « Vers un bilan effroyable en Haïti » ou « L’ONU durement touchée » sont des intitulés qui représentent tout à fait l’état d’esprit de la rédaction, axé sur la sobriété, bien que l’on sache qu’il y ait eu au moins une dizaine de morts rien qu’au palais occupé par les forces internationales. Même si une composante émotionnelle est perceptible dans les articles signés par des journalistes, la mort n’est pas exploitée : on parle très peu de cadavres, probablement parce que le nombre de victimes n’est pas encore clair. Nous pouvons retrouver les mots les plus forts dans les dires des personnes sur place. Les premières affirmations du président René Préval et sa femme, telle « certaines écoles sont remplies de cadavres», sont rapportées. Cette idée de « donner la parole » sera d’ailleurs maintenue tout au long de la couverture de l’événement. Chaque article est en effet caractérisé par des témoignages et des citations, le plus souvent de personnes faisant partie d’institutions sur place ou en Suisse, ce qui permet au Temps d’éviter une exploitation excessive de la misère et de la douleur humaine.

Avec l’évolution du décompte des cadavres, le langage devient plus parlant dans les jours suivants et l’événement est décrit avec des mots tels que « catastrophe », « tragédie » ou encore « apocalypse ». Néanmoins, des articles plus « scientifiques » essayent de donner une lecture rationnelle au drame et de l’insérer dans sont contexte historique. Il ne s’agit pas d’une volonté de relativiser mais de ne pas se laisser emporter par une description uniquement émotionnelle de l’événement. En conclusion d’un article paru le 14 janvier, nous pouvons lire une citation d’une lectrice du Temps d’origine haïtienne : « un tremblement de terre vient de détruire mon enfance ». Le choix est donc clair et en ligne avec la publication : pour éveiller l’intérêt et l’empathie, les cadavres ne sont pas forcements nécessaires. Ce sont plutôt des éléments de témoignages durs, d’articles écrits avec un style plus narratif et une analyse approfondie par exemple de la mobilisation humanitaire qui caractérisent la restitution de l’information.

Simultanément, le journal Le Matin, fidèle à son orientation populaire, emploie des techniques de dramatisation et angle tout de suite sur le sensationnalisme. On recherche des mots subjectifs, très forts, qui expriment le malheur et font ressortir le drame de la situation : « la nuit est tombée sur Port-au-Prince ravagée par le séisme », « une nuit au milieu des cadavres », « c’est un pays maudit », ou encore « Haïti : la douloureuse cohabitation des morts et des vivants ». Les mots choisis appartiennent au vocabulaire des ténèbres, de la mort, les événements en Haïti sont associés à une espèce d’apocalypse. Les articles sont anglés de manière à décrire une situation insoutenable, émotionnelle et toujours au plus près des victimes. Les photos sont d’ailleurs choquantes et représentent surtout des gens pris sous les décombres ou des cadavres, alors que celles du Temps ne jouent pas ou beaucoup moins sur un tel registre. Ci-dessous, l’une des photos les plus choquantes utilisées par Le Matin, qui est aussi l’une des premières puisque publiée le lendemain du séisme:

LE TEMPS ET LE MATIN : UN TRAITEMENT DIFFÉRENCIÉ DE L’INFORMATION

Afin de bien cerner le traitement par les médias traditionnels de la catastrophe d’Haïti, une analyse comparative des deux plus importants quotidiens de Suisse romande, soit Le Temps et Le Matin, nous a semblé être un point de départ intéressant. En effet nous partons du principe que ces deux journaux, constitués de philosophies radicalement opposées (l’un très objectiviste et élitiste et l’autre sensationnaliste et populaire), de part leur bipolarité offrent les principales clés de compréhension du traitement du séisme par tout l’éventail de la presse quotidienne, au moins nationale. La couverture faite par Le Temps est très cohérente par rapport à sa mise en relief habituelle de toute information. Etant un « média de référence » (comme il s’auto-décrit d’ailleurs), Le Temps se distingue en effet par son approche liée à l’idéal de l’objectivité journalistique. Cette objectivité[1] implique une information claire, vraie, croisée du point de vue des sources et qui comporte la récolte de témoignages ainsi que, en un premier temps au moins, l’attitude la plus détachée et la moins engagée possible par rapport aux faits. Peu de place à l’émotion est donc la règle. Nous verrons que ces impératifs ont été plus ou moins respectés au cours des différentes phases de restitution de l’information. Simultanément, le traitement de l’information relative au séisme par Le Matin est, lui, très différent de celui fait par Le Temps. Nous comprendrons qu’il s’est réalisé sur un mode sensationnaliste, du début à la fin des publications liées à Haïti, en jouant sur plusieurs émotions orientées vers le lecteur correspondant à des situations d’apocalypse, de miracle et d’attente coléreuse de la part des survivants.


[1] Pour tout approfondissement de la notion d’objectivité en journalisme voir http://books.google.ch/books?id=546ccpTkP5cC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_n avlinks_s#v=onepage&q=&f=false.

La célébration

Cette force, surtout en ce qui concerne la recherche des victimes, à été comprise par de nombreuses organisations humanitaires. Ainsi, la Croix Rouge a aussi lancé depuis Twitter la banque de données créée pour aider lors de la recherche des personnes disparues. Cette utilisation est devenue une nécessité pour une aide efficace des associations humanitaires traditionnelles. « Les organisations humanitaires devraient reconnaître que les besoins en information des populations locales en temps de crise exigent plus que les messages émanant de la communauté humanitaire transmis par médias traditionnels et SMS. Il faut plutôt un dialogue entre la communauté humanitaire et la population sinistrée par le biais des médias locaux (traditionnels et nouveaux) pour créer une plate-forme de discussion »[1]. Le tremblement de terre à Haïti fait office de point central dans la compréhension du potentiel pratique des nouveaux médias dans ces situations. Si un journal comme Le Matin a préféré diaboliser le web, de nombreuses institutions naissantes lui ont rendu ses mérites. En témoigne le fait que Carel Pedre ait gagné le prix Shorty Awards pour sa capacité à relier Haïti avec le reste de la planète déjà dans les cinq premières minutes suivant la tragédie.

Localiser les victimes ou les parents perdus

L’utilité des plateformes d’échange a été aussi très concrète en ce qui concerne le sauvetage des victimes. « Les principes du Web 2.0 sont remarquablement applicables aux secours en cas de catastrophe car la population sinistrée peut donner les informations les plus immédiates au sujet de son état »[1]. Bien que nous ayons vu que Facebook était très utilisé par les personnes sur place, nous nous sommes rendus compte qu’un rôle également fondamental a été joué par Twitter et You Tube.

En ce qui concerne Twitter, de nombreux utilisateurs envoyaient des indications aux secoureurs par les mots clefs #rescuemehaiti. Des messages comme ceux qui suivent s’enchaînaient sur la plateforme après le séisme : « 63 people still alive Carribean Market. survivor sent txt so we can send help. PLEASE LET PPL KNOW », « Heloise Boyer is trapped in her house #40 Rue O, Turgeau », ou encore « Christopher Frecynet still alive. They heard him screaming. 64 Rue Nord Alexis. Call cousin Daphney 509-39046983 ».

Twitter a aussi été très utile pour ceux qui ne trouvaient pas les membres de leur famille, à l’intérieur de l’île comme à l’extérieur. Ruby Worthy écrit par exemple « I still can’t find my daughter. pray with me twitter fam ». L’agence américaine Associated Press  poste une vidéo le 14 janvier où des parents de New York lancent un appel de recherche désespéré à des personnes résidant à Port-au-Prince: Néanmoins, une chose est certaine : les images associées à ces appels ne sont pas les images en quelque sorte « soft » montrées par la TSR. Au contraire, des cadavres ou des personnes encore vivantes coincées dans les décombres sont mis en avant. Comme nous l’avons dit, les nouveaux médias n’ont pas de filtres, les images sont donc très dures. De son côté, la plateforme You Tube a été utilisée par des personnes sur place pour communiquer leur état de santé à leur famille résidant en dehors du pays. En ce sens, la vidéo tournée par insidedesaster, dont nous reparlerons d’ailleurs, constitue un bon exemple. Elle publie un message de Patrick, qui le 15 janvier veut communiquer à sa famille à Boston que « I’m fine, I don’t know for tomorrow and the others days but for now I’m good ».


[1] Pour tout complement d’information traitant de l’aide concret dans le sauvetage des victimes voir http://issuu.com/knightfoundation/docs/kf_report_haiti_french_01.10.11.

Un seul cri : aider Haïti

Twitter, comme Facebook dans une moindre mesure, a été le grand protagoniste de l’aide pratique. Il l’a été surtout car des personnalités connues de l’île et en conséquence légitimées ont utilisé le social network comme moyen d’envoyer des informations depuis Haïti immédiatement après la première secousse. Le présentateur de Radio One à Haïti, Carel Pedre, qui a envoyé son premier tweet trois minutes après la catastrophe, en est le parfait exemple. Il a ainsi tenu au courant de ce qui se passait toute la grande famille Twitter. Mais même les gens qui n’étaient pas connectés à Internet ont fini par savoir, car les informations étaient reprises par de nombreux médias, nouveaux comme traditionnels. Le 13 janvier, au matin, nous pouvons lire par exemple : « 1st After Shock Of The Day!!! IHaiti is sill shaking!! HELP!! ». Comme nous l’avons vu, son témoignage vidéo chargé sur You Tube a été repris par les médias traditionnels, notamment la TSR, le jour après le séisme. Carel Pedre a aussi été le premier à avoir envoyé à son ami Marvin Ady une photo, que ce dernier publiera sur Twitter.

L’appel à la solidarité et à la prière est également très présent sur Facebook, les pages ou groupes entrant dans cette catégorie allant de quelques membres à des dizaines de milliers. En général, dans ce contexte, les descriptions du séisme sont encore plus vives et émotionnelles. Elles sont suivies d’exhortations au soutien personnel et à la pensée dirigée vers les victimes de la catastrophe, mais également de précisions très concrètes comme les dates des prières collectives ou des hommages généraux, les lieux de rassemblement, les coordonnées répondant à la mise en place d’actions symboliques comme par exemple, l’événement  «Haiti Prayer Team».

Mais Facebook, Twitter ou encore You Tube (que nous avons vu comme hôte lui aussi de nombreux appel à la prière) ne sont pas les seuls à être allés dans cette direction. Une grande quantité de blogs ou de sites web ont aussi été créés pour soutenir la cause haïtienne. Par exemple, le blog suivant s’emploie à générer régulièrement une liste de survivants aux troubles haïtiens et reprend dans cette optique les informations circulant sur de plus gros sites comme celui de lasiren.com : http://haiti-seisme.blogspot.com/. Nous pouvons en conclure que ces sites et blogs ont été entièrement créés pour diffuser le message de l’aide et des informations cruciales sur la situation, infos qui ne sont en général pas diffusées dans les médias traditionnels (listes de morts, par exemple). Nous avons par contre trouvé très peu de blogs qui consacrent en soi l’intégrale de leurs pages à l’information traditionnelle ou aux opinions sur le séisme.

 

AIDE PRATIQUE

En ce qui concerne l’aide pratique apportée lors de la catastrophe, les grands gagnants en cette occasion sont les nouveaux médias. Ils le sont de par leur instantanéité, capacité d’adaptation et capacité technique de relier la planète entière à l’île. Nous avons vu que les médias traditionnels se sont limités à donner des références d’aide, mais aucune incitation ou conseil en particulier. Au contraire, les nouveaux médias démontrent deux aspects pratiques puissants : l’aide concrète dans la recherche des victimes et l’appel au soutien moral et financier.  Nous sommes conscients que les radios locales ont contribué fortement à l’aide concrète dans la recherche des victimes dans la semaine suivant la tragédie[1]. Toutefois, nous ne pouvons pas aborder la thématique dans sa totalité dans le cadre de ce travail, puisque tel n’est pas notre objectif. Notre but reste de montrer l’efficacité des médias qui étaient les premiers éveillés dès que la terre a arrêté de trembler.


[1] Les intéressés peuvent consulté le KF Report au http://issuu.com/knightfoundation/docs/kf_report_haiti_french_01.10.11, en particulier les pages 11 à 16 qui traitent de l’argument.