Retour différent vers les bonnes nouvelles

Bientôt apparaît dans Le Matin le besoin de trouver des thèmes plus spécifiques que la description du chaos ambiant. Une nouvelle catégorie d’articles émerge, tournée vers le « miracle ». Après le chaos, le miracle. Le Matin poursuit sa story du phénomène et recentre ses sujets sur des aventures spécifiques liées à chaque fois à des personnes particulières : les survivants. Sur ce thème, nous trouvons entre autres : « Richelande, 2 ans, l’enfant haïtienne qui a échappé au séisme », « Miracle au milieu des ruines », « Port-au-Prince : une allemande dégagée vivante des décombres », « Haïti : elle a survécu sept jours sous les décombres », etc. Ces thèmes du miracle et des survivants se portent bien à la réalisation de portraits et également d’interviews de sauveteurs et de médecins. Le Matin reste dans le sensationnalisme en retournant le séisme sur les bonnes nouvelles et en utilisant d’avantage de proximité avec les survivants et les sauveteurs. Auparavant, remarquons qu’il s’employait essentiellement à décrire un chaos ambiant et touchant toute une population. C’est donc le point de vue inverse qui est utilisé ici, mais toujours pour servir le sensationnalisme. La photo suivante, publiée par Le Matin le 20 janvier 2010, marque un tournant dans le passage d’une image de souffance à une image d’espoir:

Enfin, relevons qu’un dernier sentiment est exploité par la story du journal Le Matin : la colère des habitants par rapport à la lenteur de l’aide. « Les Haïtiens laissent éclater leur colère », « Entre la peur, l’attente et la colère ».

Du côté du Temps, les histoires de personnes retrouvées vivantes après plusieurs jours sous les macères sont peu exploitées. Bien que retransmises, ces informations sont d’avantage placées en conclusion d’articles traitant d’autres sujets. Aucun titre n’est par exemple axé sur des « miracles ». Nous verrons d’ailleurs plus loin que cette dimension tragique a beaucoup plus intéressé l’audiovisuel. Ceci prouve encore que la catastrophe a été traitée de manière très sobre par Le Temps, contrairement à la couverture réalisée par Le Matin. Néanmoins, dès le 22 janvier déjà, un angle optimiste caractérise également les articles du Temps : les journalistes se penchent sur le post-séisme, sur la reconstruction du pays. Nous pouvons lire dans l’un des papiers du journal : « dans les rues du centre-ville, la vie commence à reprendre le cours ». La rubrique « Culture et Société » est aussi très centrée sur Haïti : des livres portant sur la tragédie ou écrits par des Haïtiens sont présentés, sans oublier les concerts en faveur de l’île, qui servent de stimuli pour revenir brièvement sur l’événement. Aujourd’hui encore, le thème est repris lors d’anniversaires ou d’événements culturels liés à Haïti.

 

 

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